Conserver-Restaurer

Edmond Dubrunfaut a développé un art qu’il voulait accessible à tous, en le plaçant dans des lieux où les hommes vivent et passent. Ceci induit des lieux d’expositions inhabituels, pour la plupart en extérieur ou dans des endroits publics, où les condition de conservation des œuvres ne sont pas idéales. A titre informatif, les variations de température, de taux d’humidité ou de lumière sont des éléments particulièrement responsables des détériorations des œuvres d’art.

L’artiste était bien conscient de ce dilemme entre exposer les œuvres et veiller à leur conservation préventive. Pour les créations murales qu’il a réalisées, il a toujours développé des techniques nouvelles, adaptées au style mais aussi au lieu.

Tapisseries : un souci de la durabilité de la tapisserie et de ses couleurs amena Edmond Dubrunfaut à choisir des teintures de laine résistantes au temps et à la lumière et élaborées par des chimistes, notamment en étroite collaboration avec le laboratoire du Crecit à Tournai.

Peintures murales : l’utilisation de la peinture à fresque montre également un souci d’utiliser une technique durable. La fresque a cette particularité d’être réalisée sur un enduit frais, et lors du séchage se produit une réaction chimique de carbonatation faisant du mur et des pigments un seul et même tout. Cela reste fragile par des détériorations mécaniques voulues ou non : coups ; griffes, grattages etc.

Peinture aux résines d’acryl : toujours dans un souci de protéger l’œuvre dans le temps même à l’extérieur, exposées aux éléments : pluie, vent (abrasion) et soleil (ultra-violets).

Emaux sur acier et sur céramique : quand il a découvert cette technique, Edmond Dubrunfaut a tout de suite pensé à l’utiliser dans des lieux où les conditions de conservation sont défavorables pour les autres expressions artistiques. En effet, l’émail étant cuit à grand feu, il devient extrêmement résistant. D’où utilisation possible dans des piscines couvertes ou en plein air, lieux de passage intense : entrée et sortie de métros, etc.

Les œuvres en danger

Bruxelles :
Les fresques du Palais de justice

En 1949, Edmond Dubrunfaut réalise avec Roger Somville et Louis Deltour une fresque de 70 mètres carrés dans un couloir du Palais de justice de Bruxelles (Tribunal de commerce). Aujourd’hui l’oeuvre, critiquée, abîmée, outragée par le temps et ses détracteurs, a fait l’objet d’une restauration en 2005

Récit et photos de cette épopée artistique en cliquant ici :

Anderlecht :
Les portes de la terre, du soleil, de la lune

Ces trois peintures murales se trouvent dans les logements sociaux de la rue des Goujons à Anderlecht. Certaines parties de ces peintures ont été dégradées pour cause de vandalisme ou de travaux sur les murs. Le centre culturel d’Anderlecht, sensibilisé par la conservation de cette œuvre, met pour le moment en place un plan d’action devant mener à une restauration des peintures ainsi qu’à un éventuel classement de cet ensemble, ce qui constituerait une première pour une œuvre d’Edmond Dubrunfaut.

Anderlecht :
La maison des Jeunes

Récupérée et réaménagée en lieu de culture « Espace Nord »,  une partie des œuvres a été tout simplement détruite  lors du réaménagement architectural interne au bâiment. A l’initiative des élus communaux, on a reproduit les parties disparues sur des supports en toile plastique. Cela permet donc aux visiteurs de s’imaginer ce que l’oeuvre était à l’origine.

Tournai : récupération des vinyls de l’hôpital de Tournai, peints par le Groupe de Cuesmes 68

Les peintures sur vinyl ont été découpées et roulées.

Animé par Edmond Dubrunfaut en 1968, le groupe de Cuesmes 68 (1968-1977) est étroitement lié à l’Académie des beaux-arts de Mons dont ses membres sont issus : Alain Rousseau, Jean-Claude Faidherbe,
Charly Vienne, Paule Herla, André Houfflin, Jacqueline Moulin, Dany Vienne et Agnès Arnould. La plupart
d’entre eux ont fréquenté l’atelier d’art monumental que Dubrunfaut a dirigé durant vingt ans. 

Tournai : passage sous voies de la gare

1986-1987, 1475 m² de céramiques et de peintures aux résines d’acryl.

Des ouvriers communaux avaient reçu l’ordre de couvrir une partie des oeuvres par de la peinture blanche opaque.

http://www.lalibre.be/actu/hainaut/article/455438/un-nettoyage-qui-fait-mal-a-la-gare-de-tournai.html http://www.exedos.net/brotcorne2009/presse/ce_22102008.pdf http://archives.lesoir.be/les-fresques-de-dubrunfaut-mutilees_t-20081024-00JPP3.html

Bruxelles : locaux de la FGTB, rue du Congrès

Avant leur déménagement, les locaux ont été vidés et les peintures démontées et roulées.

Les peintures murales aux résines acryliques ( 42 mètres carrés) ont été réalisées en 1980 par Edmond Dubrunfaut. Sur la scène de l’auditorium, intacte ou presque, cette réalisation offre dans une abrupte sobriété toute la détermination d’un monde ouvrier en marche. Les «Six Temps de l’Action Ouvrière» ou encore dit «La Grève» est une rare et somptueuse représentation de ces temps de lutte qui s’inscrit clairement dans les visages sombres.